Bien traiter l’acoustique dans le logement implique avant tout de comprendre les phénomènes physiques liés au bruit afin de mieux déterminer les solutions techniques pour les corriger. La laine minérale, en raison de ces qualités intrinsèques, joue un rôle important dans ce domaine.
Quel que soit le lieu (logements, établissements scolaires, bureaux, gares, aéroports, usines, etc.), le bruit est la nuisance la plus mal supportée par les Français : 9 sur 10 disent y être exposés au moins une fois par jour. Ses impacts sont très concrets sur la santé. L’excès de bruit altère les organes de l’audition – selon une étude de l’Ademe, 25 % de nos concitoyens auront des problèmes auditifs en 2050. Mais il engendre également du stress et des troubles du sommeil, il a des effets néfastes sur les systèmes cardio-vasculaire, immunitaire et endocrinien, ainsi que sur la santé mentale… Et cette liste n’est pas exhaustive. Cela a également un impact sur le plan sociétal : une étude de l’Ademe et du Conseil national du bruit (CNB) de juin 2021 évalue son coût annuel pour la société française à 147 milliards d’euros. Giuliano Camillato, Responsable du pôle technique et développement produits chez Knauf Insulation, a travaillé à l’élaboration de la campagne KI PHONIK qui vient d’être lancée par l’industriel sur l’acoustique, et il n’en revient toujours pas : « J’ai été surpris par l’impact très important des nuisances sonores, lesquelles entraînent toujours des conséquences sur la santé. Les confinements successifs ont aussi été un révélateur des problèmes de bruit entre logements et dans un même logement. »
Identifier les sources du bruit
Mais, l’exposition au bruit n’est pas une fatalité. Les solutions existent pour à la fois l’amoindrir, s’en isoler et éviter sa propagation. Sachant que l’efficacité d’une solution technique dépend de nombreux paramètres : niveaux des bruits extérieurs et intérieurs, nature des matériaux, type et qualité de la construction. Il est également plus facile d’intervenir au stade de la conception plutôt qu’en rénovation. « Mais avant tout traitement, précise Giuliano Camillato, il importe d’identifier correctement les sources et nuisances sonores de manière à cerner la manière dont le bruit se propage et arrive jusqu’au local à isoler. » Car, à l’instar de l’eau, il se faufile et apparaît là où l’on ne l’attend pas. De même, sa nature, aérien ou solidien (impact), revêt une importance particulière dans le choix des solutions à mettre en œuvre. Les bruits d'impacts sont produits par un choc qui fait vibrer les éléments de la construction. Quant aux bruits aériens, ils sont provoqués par une source sonore qui fait vibrer l'air. Lorsque qu’ils rencontrent une paroi, celle-ci vibre et transmet. Ils se propagent également à travers les trous, fissures et interstices que l’on appelle fuites sonores ou ponts phoniques.
Masse-ressort-masse
Y remédier impose dans les logements de s’intéresser à la nature des parois, notamment les doublages, cloisonnements et plafonds. Soit les systèmes habituellement utilisés pour l’isolation thermique. « En fait, on a un peu oublié l’acoustique au profit de la thermique, mais avec le même type de système, notamment ceux intégrant de la laine minérale, il est possible d’apporter une correction acoustique de qualité par rapport aux bruits aériens », résume Giuliano Camillato. C’est tout le sens de la campagne KI PHONIK qui vise à aider à comprendre les phénomènes sonores et les leviers d’amélioration des performances acoustiques dans les bâtiments. Notamment grâce à une meilleure appréciation de l’action de la laine minérale dans une paroi. Il s’agit d’analyser un principe connu des acousticiens : le système masse-ressort-masse. Lequel s'appuie sur la séparation acoustique entre deux masses – une paroi béton et une plaque de plâtre, par exemple – par un ressort. Ce dernier peut être de l'air piégé dans une laine minérale. Schématiquement, le son provoque des vibrations dans la première paroi et les ondes sonores sont atténuées dans le ressort (l’isolant).
Campagne d’essai
Pour mieux appréhender le comportement des parois, et notamment celles contenant de la laine minérale, Knauf Insulation a fait réaliser une campagne d’essai au CSTB pour quantifier l’affaiblissement acoustique de chacune de ses solutions en fonction des différents modes constructifs (bois, béton, briques, etc.). « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a pas de loi linéaire, mais qu’il est possible d’agir simplement sur cinq leviers pour améliorer l’acoustique à l’intérieur d’un logement. » Il s’agit d’augmenter l’épaisseur de la laine minérale (120 mm à 140 mm) pour renforcer l’effet ressort ; d’améliorer la masse surfacique de la paroi avec des plaques de plâtre phonique plus lourdes et denses ; de privilégier le principe masse-ressort-masse en doublant les parois avec ossature métallique ; d’utiliser un isolant fibreux qui, par leur structure poreuse à cellules ouvertes due à l’enchevêtrement des fibres, amortissent et piègent l’énergie sonore ; et d’assurer une bonne étanchéité à l’air. « En jouant sur ces leviers, le confort acoustique est considérablement amélioré, d’au moins 3 dB ce qui représente 50 % de bruit en moins ! », se félicite Giuliano Camillato.